Vous
devez recevoir beaucoup de démos
Oh, oui !
(sourire) Disons que
notre réponse
" par défaut " vis-à-vis de la plupart des
démos que nous recevons - et nous en recevons vraiment beaucoup,
parfois les gens nous demandent par e-mail s'ils peuvent nous les
adresser, parfois non - se réfère à l'origine
du label : notre but est de documenter la scène musicale
de Montréal et du Canada, nous ne recherchons pas de musique
qui viennent d'Europe, des Etats-Unis ni d'ailleurs. Notre idéal
reflète la manière dont nous pensons qu'un label peut
aujourd'hui se comporter en marge de l'industrie musicale : en agissant
au niveau régional et en distribuant à l'international,
en s'efforçant d'aider à définir les termes
d'une sorte d'économie locale. Jusqu'à présent,
pour nous, ça marche : je veux dire que jamais nous nous
sommes retrouvés en manque de disques que nous avions vraiment
très envie de publier. Notre rythme de parution réduit
nous facilite également la tâche : nous nous sommes
fixé dès le départ comme objectif de ne pas
publier plus de 4 à 6 disques par an, cela nous donne déjà
suffisamment de boulot comme ça. Les choses seraient peut-être
un peu différentes si nous ne tenions pas à avoir
tout notre catalogue disponible en permanence : rien que s'occuper
du back catalogue, sur une année, c'est déjà
un travail à part entière. Chacun des disques que
nous avons publiés, aussi bien en vinyle qu'en CD, est disponible
- et sous sa forme originelle, au prix parfois de légers
ajustements, si les matériaux d'origine sont en rupture en
stock, par exemple. Réaliser un premier pressage d'albums
en version spéciale, limitée, puis ensuite diffuser
les autres sous une forme " normale ", cela ne nous intéresse
pas : nous ne cherchons en aucun cas à alimenter le marché
des collectors.
Donc, les démos
Nous essayons d'écouter au moins
toutes celles qui proviennent du Canada, mais déjà
nous n'y arrivons pas, elles s'empilent dans nos bureaux. Et puis,
nous ne cherchons pas particulièrement à signer des
projets que nous n'avons pas suivis en amont, nous ne sommes pas
très motivés pour publier des démos. Donc,
pour toutes ces raisons, nous ne faisons pas vraiment
Don -
Disons que nous ne sommes vraiment hyper au point dans ce domaine
(rires).
Ian -
Nous répondons à tout le monde, chaque groupe reçoit
une lettre de notre part : non pour dire que nous avons écouté
leur disque, mais au moins en accuser réception, et expliquer
notre démarche et les raisons pour lesquelles nous n'aurons
probablement pas le temps d'y jeter une oreille ; des raisons qui
tiennent moins à des critères esthétiques qu'au
le fait que nous nous concentrons sur une zone géographique
bien délimitée, et réduite.
Don -
Ecouter des démos requiert une concentration et un temps
que nous n'avons pas : nous n'avons pas envie de consacrer tout
notre temps à cela en sachant d'avance qu'il faudra probablement
passer beaucoup de temps avant de tomber sur quelque chose de valable,
si tant est que ça arrive. Je crois que cela tient peut-être
à notre sens des responsabilités particulièrement
prononcé : du fait que des gens jugent valable de faire écouter
ce qu'ils font à d'autres, nous nous sentons tenus de ne
pas l'écouter à la légère, de leur en
dire plus que quelques lignes. Cela accapare vraiment l'esprit de
s'occuper de ça.
Ian -
En revanche, je peux te dire précisément toutes les
démos que nous avons reçues : nous en tenons la liste,
de sorte si quelqu'un nous recontacte ensuite, je peux lui dire
si nous avons reçu son envoi ou non. C'est la moindre des
choses. Mais de là à écouter tout ça
cela nous obligerait à y consacrer des journées entière
chaque semaine - parce qu'on ne peut raisonnablement pas écouter
10 à 20 disques par semaine
Nous recevons aussi des
choses que les gens nous envoient simplement pour nous faire écouter,
parce qu'ils pensent que cela peut nous intéresser
En fait, c'est la partie la plus triste du boulot : nous recevons
tellement de choses qu'il est difficile de séparer ce qui
est simplement un cadeau (une chose que les gens ont spontanément
eu envie de nous faire écouter, sans chercher forcément
à se faire publier) du reste des démos, j'ai essayé
de le faire, mais au bout d'un moment, rien que ça, c'était
trop, tu te retrouves avec 4 piles différentes sur ton bureau,
de 50 disques chacune... C'est dommage, on en arrive à perdre
la trace de choses que des gens nous ont offertes en cadeau, que
nous devrions faire l'effort d'écouter
Don -
De toute façon, il y a déjà tellement de musique
que l'on doit écouter, que l'on aimerait avoir le temps d'écouter,
et que l'on sait qu'on aura du mal à écouter. Alors
si tu ajoutes à cela ton rôle de " directeur artistique
", si écouter de la musique devient un pensum
il faut que tu arrives à déterminer le moment où
écouter de la musique devient un travail que tu n'as plus
envie de faire.
Demeurez-vous
toutefois de grands fans de musique ?
Tous les deux
- Oh oui !
Don -
Et nous serons toujours disposés à accueillir de nouveaux
artistes dans notre catalogue. Nous ne dirions jamais non à
quelque chose qui nous intéresse, et nous trouverons toujours
un moyen de réaliser quelque chose. Mais nous sommes suffisamment
à l'aise pour savoir que le nombre de chances pour que nous
puissions découvrir un groupe qui nous excite à ce
point est à peu près équivalent au nombre des
artistes que nous avons déjà. Nous ne nous attendons
pas à tomber nez à nez avec des tonnes de nouveaux
groupes. Je pense que nous avons un assez bon sens de ce qui se
passe à Montréal. J'espère qu'il s'y passe
encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas, et si quelqu'un
attire notre attention sur tel ou tel groupe, nous essayons vraiment
d'en savoir plus, mais je pense que nous connaissons bien la scène
musicale de la ville.
Le bouche-à-oreille
reste-t-il votre principale source d'information ?
Ian -
Exactement. Mais bon, nous sortons, nous voyons beaucoup de concerts.
Et puis, si tu entends parler de quelque chose, c'est déjà
qu'il vaut la peine qu'on en parle. Il est sûr qu'il y aura
toujours des gens qui resteront dans l'ombre à faire leur
truc, parce qu'ils sont trop timide pour jouer sur scène,
parce qu'ils ne s'adapteront jamais à cet environnement.
Cela fait des siècles qu'il existe de ces artistes disparus,
manqués, ratés.
Don -
Souvent, j'ai peur d'être trop satisfait pour trouver le temps
de m'y intéresser. Tout simplement, parce que lorsque nous
avons démarré Constellation, aucun label ne s'intéressait
ou ne publiait ce genre de musique. Je pense à un label en
particulier, qui était vraiment le seul label indépendant
vraiment actif, mises à part un certain nombre de structures
plutôt ésotériques : c'était des gens
qui cultivaient l'autosatisfaction, qui n'avaient aucune idée
de ce qui se passait à Montréal tout simplement parce
qu'ils pensaient qu'ils étaient branchés, incontournables,
et que si quelque chose de nouveau se produisait, si ça valait
le coup, cela viendrait forcément à eux.
Ian -
Mais il ne s'agissait pas d'un label explicitement tourné
vers la scène de Montréal, il faut dire.
Don - Certes,
mais il publiait la plupart des choses qui se faisaient. En tout
cas, ça, c'est tout ce que je voudrais éviter que
nous devenions : satisfait de nous-mêmes au point de dire
: " La bonne musique viendra à nous. " Je reste
persuadé que nous ne connaissons pas certaines choses passionnantes
qui se passent ici, et c'est pourquoi j'essaie de voir le plus de
choses possibles, au lieu d'attendre que ça m'arrive.
Ian - En
ce moment, la scène musicale est vraiment très vivace.
Tu as des groupes locaux qui jouent tous les soirs de la semaine.
Nous voyons toujours autant de concerts, mais nous pourrions sortir
5 soirs par semaine, ce que nous ne faisons pas. Mais il y a aussi
le fait qu'il y a aujourd'hui plusieurs labels, et ils arrivent
que nous nous conseillions mutuellement des groupes que nous avons
vus. Mais nous ne sommes pas enclins à une ouverture démesurée,
et nous voulons à d'autres labels leur chance. Si quelque
chose nous renverse au point que nous nous en voudrions à
mort de ne pas le publier, nous y allons, et cela s'est produit
une ou deux fois ces deux dernières années. Mais en
général, aussi, il existe tellement de groupes qui,
au bout du 2ème concert, entrent en studio pour faire un
disque
C'est une attitude peut-être un peu paternaliste
de notre part, mais à un certain niveau, nous préférerions
leur demander de continuer à travailler encore leur matériel,
de jouer
Tout le monde cherche à arriver immédiatement
: a) à faire un disque ; b) à le faire sur un label.
Je crois que ce genre de groupes nous rend un peu sceptiques : même
s'ils ont donné un magnifique concert, je me méfie
s'ils commencent à parler trop vite de disque, d'album, alors
qu'ils n'ont commencé à jouer ensemble que depuis
3 mois. Godspeed, comme tous les premiers groupes que nous avons
signés, ont joué ensemble pendant des années
sans avoir jamais espéré sortir un disque. Il s'agissait
juste de faire évoluer la musique par la pratique assidue
du live. Et puis, encore une fois, nous voulons laisser aux autres
labels une marge de manuvre - ce qui, en publiant 5 ou 6 disques
par an, ne pose pas de problème : cela limite fatalement
le nombre de nouvelles signatures, puisque nous privilégions
les nouveaux enregistrements des artistes que nous avons déjà.
Constellation est le contraire d'une pieuvre qui voudrait tout attirer
à elle - et de loin. Par exemple, dans le cas d'un groupe
qui a déjà publié un disque chez un autre label,
en général plus petit, nous nous montrons extrêmement
prudents, nous ne volons pas voler les groupes des autres labels,
comme nous ne voudrions pas que cela nous arrive, comme cela s'est
déjà produit une fois avec Godspeed, au tout début,
avec ce projet sur Kranky qu'il ne nous intéressait pas de
publier. C'est Godspeed qui a pris la décision, et qui l'a
prise sans notre bénédiction, à l'époque.
Nous ne voulions rien avoir à faire avec ce projet, financièrement
nous nous sommes tenus totalement à l'écart, il n'y
a pas eu de licence ni quoi que ce soit d'autre. Au final, ce qui
s'est passé, c'est que nous avons récupéré
les droits pour le vinyle, et Kranky pour le CD. Et cela a continué
pour les 3 disques suivants : nous continuons de fabriquer ces vinyles,
ce qui n'est absolument pas lucratif, mais j'imagine que nous savions
que cela allait vendre, c'était une position confortable,
car nous savions qu'au moins nous récupérerions notre
argent. Et évidemment, cela a aidé, au début,
quand les gens ont compris que deux labels étaient concernés,
même s'ils achetaient surtout la version CD
Mais cela nous intéresse de voir aujourd'hui des labels comme
Alien8, Intr_version et les autres labels locaux développer
leur propre catalogue. Cela ne peut être qu'une bonne chose,
et en ce sens, il n'y a vraiment aucune notion de concurrence, ce
qui est appréciable. Nous connaissons la plupart de ces gens,
j'ai même été le colocataire de l'un des types
d'Alien8 pendant deux ans, et j'ai beaucoup de respect pour le catalogue
qu'ils essaient de constituer. Et par chance, la ville est suffisamment
riche pour que tous ces labels aient fort à faire
Avec qui travaillez-vous
pour vos pochettes ?
Nous nous occupons du graphisme nous-mêmes, même si
c'est toujours le groupe qui amène les éléments
artistiques. Jusqu'à notre 17e disque (nous sortons ces jours
nos références n° 24, 25 et 26), nous travaillions
suivant un patron et un ensemble de techniques particuliers, un
papier spécial, en recourant souvent à la sérigraphie.
C'était une chaîne de production qui faisait intervenir
des artisans ou de petites entreprises locales. Cela a duré
4 ans, jusqu'à ce que deux choses deviennent problématique
- l'une d'ordre esthétique, l'autre liée plus strictement
à la production : esthétiquement, cela limitait beaucoup
l'éventail des couleurs que nous pouvions utiliser, parce
que le papier était déjà sombre, ou teinté.
Et si cela plaisaient beaucoup à nos artistes, souvent, au
bout de trois ou quatre disques, ils commençaient à
se lasser.
(Questions
complémentaires par e-mail - octobre 2003) :
1) Quels sont
les choix qui vous ont conduits à " signer " les
artistes de votre catalogue ? Par exemple, qu'est-ce qui vous a
décidés de travailler avecdes musiciens comme Godspeed,
Hangedup, Fly Pan Am et Frankie Sparo ? Et plus généralement,
quels sont les principaux " critères " et aspects
musicaux qui, selon vous, fondent la " bonne " musique
?
Eh bien, d'abord, nous ne " signons " pas des groupes,
en fait. Nous travaillons sans contrat, et à la base, chacun
des disques que nous publions est le fruit d'un bon accord verbal,
fondé sur la confiance - un accord renouvelé grâce
à un dialogue continuel.
Du fait que tout ce que nous publions, ou presque, est le fait de
groupes et d'artistes résidant à Montréal,
notre décision de collaborer avec quelqu'un a souvent tendance
à être le résultat d'une évolution naturelle
: cela commence par écouter un groupe et suivre ses concerts
dans les différents lieux de la ville, jusqu'à se
faire donner une copie des enregistrements auquel il peut être
en train de travailler (qu'il s'agisse de démos ou de morceaux
finis). En général, à ce point de la relation,
les musiciens savent ce qui nous anime : et lorsqu'on en arrive
à évoquer l'idée de publier quelque chose,
nous avons réussi à lier avec la plupart de ces gens
une relation plus ou moins personnelle, familière.
Nos publications n'obéissent pas à un simple critère
esthétique - en dehors du fait que la musique instrumentale
est prédominante dans notre catalogue (Godspeed, Do Make
Say Think, Fly Pan Am, Exhaust, Hangedup), nous estimons que ces
groupes font une musique aussi diverse que tout autre " collection
" de groupes évoluant dans le circuit rock indépendant
Nos oreilles sont ouvertes à des groupes produisant leur
propre son dans le contexte élargi du punk, dont la musique
échappe aux genres et met en lumière des fissures
dans la table catégorique du DIY rock'n'roll. Il importe
aussi qu'ils soient en phase avec notre programme, en termes d'économie
et de participation (ou de non-participation) à l'industrie.
Plus précisément, en ce qui concerne Godspeed et Fly
Pan Am, ces groupes faisaient partie de cette vague initialement
de groupes qui nous ont vraiment donné envie de monter un
label local, en tout premier lieu. Avec Sofa, Sackville et Exhaust,
ces groupes sont apparus sur scène et se sont " trouvés
" et épanouis à Montréal au milieu des
années 90. Tous ensemble, nous organisions des concerts et
assistions au développement de différents groupes.
Avec Godspeed, en particulier, nous avons aidé à monter
la plupart de leurs concerts à Montréal en 1996-97
(en louant le matériel, en fabriquant des affiches, en faisant
leur son), à l'époque où ils étaient
en train de se transformer pour devenir ce grand orchestre rock
que nous connaissons. En l'espace d'une année, d'un groupe
noise/drone un peu crades, ils étaient devenus un groupe
d'une bien plus grande complexité compositionnelle et avec
beaucoup plus de substance, et nous avons été soufflés
par nombre de leurs premiers concerts. Cette période nous
a permis de nous lier d'amitiés avec quelques-uns des membres
du groupe, et il est vite devenu évident que nous allions
travailler avec Godspeed à un projet d'enregistrement et
de publication.
Avec Fly Pan Am, il s'est passé à peu de choses près
la même chose, un an plus tard - c'est début 1999 que
j'ai enregistré leur premier disque, avec un budget ridicule.
Frankie Sparo est arrivé tardivement à Montréal,
vers la fin des années 90, et c'est dans le cadre de notre
série " Musique Fragile " qu'il a donné
ses premiers concerts ici, qui nous ont renversés. Notre
amitié et le premier projet discographique sont arrivés
de manière aussi rapide que naturelle. A notre humble avis,
il est un parolier, un compositeur et un guitariste brillant.
Quant à Handegup, il a souvent eu l'occasion de nous impressionner
en 2000-2001 - leurs concerts étaient stupéfiants,
et nous connaissions déjà ce deux musiciens qui faisaient
partie de Sackville (entre autres groupes). Tous deux vivaient à
Montréal depuis longtemps. Et, deux ans après leurs
premières prestations scéniques, ils réalisaient
leur premier disque, et nous savions avec une quasi-certitude qu'il
allait être fantastique.
Notre philosophie, en ce qui concerne les " premiers disques
", est que le groupe mène ce projet à bien indépendamment
: nous attendons pour écouter ce qui se passe, pour voir
où va le groupe. Les projets d'enregistrement suivants sont
financés par le label. Il en est allé ainsi avec tous
les premiers groupes, et pour nous, il reste important de voir un
groupe poursuivre un projet d'enregistrement de son propre chef,
et avec ses propres moyens - et non parce qu'il est assuré
d'avoir un contrat qui l'attend en sortant du studio.
Do Make Say Think est originaire de Toronto. Qu'est-ce qui vous
a amené à faire une exception ?
Do Make Say Think est le quatrième groupe
avec qui nous ayons travaillé. Ils avaient autoproduit leur
premier disque à Toronto et un exemplaire nous est parvenu
par le biais d'amis communs. Nous avons été littéralement
époustoufflés par cet album, et bien sûr, très
impressionnés par le fait qu'ils l'aient produit et publié
eux-mêmes. De passage à Toronto, nous les avons rencontré
et constaté qu'ils étaient animés par une philosophie
et une éthique similaire à celles dont nous étions
issues, à Montréal ; ce qui était à
l'époque plutôt rare dans une ville comme Toronto.
La décision de travailler avec eux et de rééditer
ce premier album s'est prise naturellement. Nous avons toujours
espéré que ce que nous avons fait au niveau local
s'étendrait au delà de notre propre ville - tant qu'il
nous était possible de rencontrer les groupes assez régulièrement,
il était pertinent d'étendre ces limites au centre
et à l'est du Canada. Dans le cadre de Musique Fragile, il
nous est arrivé de programmer des groupes de Toronto, d'Ottawa,
de Hamilton et des Maritimes et nous avons vu en cela une possibilité
de s'étendre géographiquement. Le fait qu'un second
groupe non-montréalais, Polmo Polpo, n'ait que récemment
rejoint nos rangs tient donc essentiellement à la forte productivité
et l'inspiration des groupes locaux et à un planning très
serré.
Comment les choses se sont-elles passées avec Sackville et
Polmo Polpo, deux projets qui, contrairement aux artistes de Constellation,
ont déjà sorti des disques sur d'autres labels (Alien8
pour Polmo Polpo). Quel genre de "contrat social" avez
vous passé avec ces groupes/labels ?
En ce qui concerne Sackville, ils avaient enregistré
quelques nouveaux morceaux dans un style très différents
de leurs précédents travaux - plus acoustiques, à
base de piano et plus épurés. Nous avons aimé
ces chansons. Il était question que les membres se séparent
à l'issue de ce disque et d'une courte tournée, du
coup cela nous est apparu comme une sorte d'adieu à un groupe
qui était resté assez confidentiel. Nos discussions
avec eux ont porté sur le caractère exceptionnel de
cette unique sortie, du coup, nous ne nous sommes pas vraiment souciés
de leur relations avec Magwheel, leur autre label. La seule chose,
c'était que cela permettrait peut-être à Magwheel
de vendre des disques ; je ne suis d'ailleurs pas sûr que
cela est été le cas. Quoi qu'il en soit, je ne suis
pas certain que Sackville était satisfait du travail de Magwheel
; ils avaient plutôt l'air d'intrus sur ce label qui s'intéressait
plus aux formes traditionelles du rock indé et du punk. De
plus, à la fin des années 90, l'activité de
Magwheel allait décroissante.
L'idée de ce 25 cm de Sackville sur Constellation était
surtout de marquer la fin du projet ; on espérait juste rentrer
dans nos frais, car il n'est pas facile de gagner beaucoup d'argent
avec les maxis, surtout les 25 cm.
Pour Polmo Polpo, Sandro (il s'agit de son projet solo) avait sorti
des maxis 12" sur son propre label, Audi Sensa, ce qui, là
encore, témoignait de son autonomie et de sa sincérité.
Nous l'avions vu plusieurs fois en concert, mais la performance
qu'il a donnée le 31 décembre 2001 nous a réellement
éblouie. Nous l'avons contacté le lendemain afin de
lui demander s'il serait intéressé de sortir ses prochains
travaux sur Constellation. Il se trouve que ce même jour,
Alien8 lui a proposé de rééditer ses maxis
sous la forme d'un album. Nous étions tous à son concert
de la veille. Je ne sais pourquoi Alien8 était plus intéressé
par les vieux morceaux plutôt que les nouveaux, mais c'est
ainsi ; et Sandro a accepté les deux propositions. Malgré
cette situation un peu bizarre, les projets se sont bien échelonnés,
puisque la réédition sur Alien8 est sortie très
rapidement et près d'un an après, il a fini son album
pour nous.
En ce qui concerne Sackville et Polmo Polpo, leurs collaborations
avec nous se sont faites sans entrainer de ruptures ou de modifications
de leurs contrats avec leur label. L'intégralité de
leurs enregistrements sur ces autres labels est mentionnée
sur notre site internet avec des liens vers leurs sites. Je ne pense
pas que nous travaillerons un jour avec un groupe ayant dû
rompre un contrat pour nous rejoindre, tout comme je pense qu'il
est peu probable que nous rencontrions une telle situation vu que
nous sommes uniquement à la recherche d'artistes n'ayant
rien sorti ou s'étant uniquement autoproduit.
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