Matthew
Dear
Leave Luck To Heaven (Spectral) |
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Si
vous êtes un tant soit peu curieux en matière de musique
électronique rythmique en général et de techno
minimale en particulier, vous avez sans doute déjà entendu
le nom de Matthew Dear, si ce n'est pas le cas, il n'est que grand
temps de réparer cette erreur. Ayant fait montre d'une productivité
assez soutenue ces derniers mois sous les pseudonymes de Jabberjaw
(sur Perlon), False (sur Plus8) ou sous son propre nom sur l'excellent
label de Ann Harbor, Spectral, Dear a sorti il y a quelques semaines
Leave Luck To Heaven, un album unanimement plébiscité.
Chacun des douze titres de cet album propose une direction, rend hommage
à un style de production et se l'approprie avec brio et naturel.
"Fex" évoque la rigueur rythmique saccadée
et l'utilisation de sons bruts chers au californien Sutekh, tandis
que "Just Us Now" rappelle plutôt la techno hyper
économique et immanquablement accrocheuse d' "Easy Lee"
de Ricardo Villalobos. Plus loin "Dog Days" lorgne cette
fois vers l'électro-pop en proposant une synthèse d'un
Frank Tovey du meilleur cru récupérée par un
Swayzak plus années 80 et uptempo que jamais.
Véritable glouton de la techno, il semble que le jeune prodige
ait ingéré absolument toutes les combinaisons du genre
et les ait digérées de façon unique. On retrouve
ici ("Reason and Responsibility") la rigueur groovy et les
basses ronflantes de Detroit, là ("Huffing Stuff")
la tech-house dubby un brin foutraque de San Francisco ; des archétypes
que Dear invoque, détourne aussitôt et s'approprie avec
une originalité déconcertante.
Vu le jeune age du bonhomme, on est en mesure d'attendre encore de
très grandes choses, et si comme le titre de son premier album
le laisse entendre, ceci n'a rien d'un hasard, on entendra parler
de lui à nouveau très prochainement.
(Christophe
Taupin)
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