Hell
NY Muscle (International Deejay Gigolo)

Véritable force de vente de l'Acid House, du Disco, de la New Wave, de l'Electro Body Music et de leurs fusions les plus réussies, Helmut Josef Geier, alias DJ Hell ou simplement Hell, s'est affirmé ces dernières années, au travers de ses mixes, ses remixes ou des signatures d'International Deejay Gigolo-Records (Miss Kittin & the Hacker, Fischerspooner, Vitalic ...), label qu'il a fondé en 1996, comme le prince noir de l'électro musclée, glam et sexy.
NY Muscle, son troisième album, plus obscur que jamais et toujours emprunt de cette culture musicale incroyable, suintant de dix ans de musique club chicagoane, berlinoise et new-yorkaise, lorgne plus que jamais vers la musique industrielle et le post-punk. Pour ce, il convoque Alan Vega du mythique duo Suicide sur deux titres qui semblent reprendre où le "Swearin' To The Flag" d' American Supreme s'était arrêté. Les deux autres invités, le jeune Erlend Oye du groupe indie-pop Kings of Convenience qui aime confier son organe à des électroniciens de tous bords et la diva techno-soul allemande Billie Ray Martin, sont respectivement conviés à un burrinage no wave et une ballade polyglote vaguement électro et franchement irritante.
Sur "Keep On Waiting", sans doute morceau le plus réussi de cet album, Oye est entraîné dans une risque électro punk couillue bardée de fioritures analogiques et électriques dissonantes contrastant avec sa voix qui, pour l'occasion, prend des intonations martiales d'adolescent cold-wave. Autre tour de force, "Listen To The Hiss", sur lequel la voix clairement inimitable de Vega s'empare d'un rythme proto-tribal, évoque les oscillations vénéneuses de Throbbing Gristle. Mais Hell sait également faire du grand Gigolo sur des morceaux comme "Let No Man Jack" et "Black Panther Party", deux coups d'état d'Electro Body Music cagoulées rappelant l'esthétique paramilitaire craignos et rétroactivement désopilante de Front 242. Enfin, "Tragic Picture Show", fusion ébouriffée de rock et de disco (tiens donc!) sur lequel James Murphy de DFA fait parler sa basse séduira à coup sûr les inconditionnels du label culte new-yorkais.
Tous les éléments sont réunis pour que cet album soit un succès commercial, et il le sera à coup sûr. Mais ce n'est en aucun cas une excuse pour passer à côté de NY Muscle dont la majeure partie est une réussite de production et de digestion stylistique indiscutable.



(Christophe Taupin)



http://www.gigolorecords.de