Se présentant comme un quatuor de Brighton - alors qu'il
semble que son noyau dur se résume à Steve Lewis et
David Best - Fumiya & Miyagi pioche compendieusement dans les
patrimoines pop années 80 et avant-rock ce qu'ils ont de
moins consensuels pour construire un album aux morceaux nonchalamment
progressifs où les voix, certes pas exceptionnelles, habillent
ou, tout au moins, ponctuent avec discrétion et justesse
des paysages musicaux évoquant un Krautrock ébarbé
par l'electronica et une époque (vous l'aurez sentie, sur
le retour) où l'indie-pop se dansait à l'Hacienda
et ailleurs. Préferant le groove d'un jeu de basse estampillé
Factory Records, les oscillations métronomiques d'un Moog
et les chuchotements entêtants aux beats éreintants
et à la saccharose mélodique en perfusion, Electro
Karaoke in The Negative Style échappe à pas mal de
pièges et impose une kraut-pop timide et doucement martiale.
Pas poseurs pour un sou et vraisemblablement peu friands d'accroches
fastoches, le quatuor/duo a tout de même commis l'incontournable
"Electro Karaoke". Avant dernier morceau de l'album, ce
tube de prog-pop résolument uptempo est un véritable
exercice de stratification musicale mettant progressivement en oeuvre
nappes synthétiques, batterie, lignes de basse et de guitare
pour finalement couronner le tout d'une voix quasi-transparente
qui transfigure pourtant ce séduisant empilement en un hit
intemporel.
Canonisation prématurée ou planning serré,
Remixes, suit de très près le premier album de Fujiya
& Miyagi. Comme vous l'aurez compris, les morceaux d' Electro
Karaoke In The Negative Style y sont confiés à une
dizaine d'artistes, dont Pilote, Chunking, Neotropic, Two Lone Swordsmen,
Cristian Vogel, Tobias Schmidt, Smyglyssna et quelques autres pointures
de l'électronique tordue et de la techno déréglée.
D'abord déçus, on regrette que la majorité
des remixeurs soient issus de sphères trop technoïdes
(principalement du collectif No Future de Brighton) pour rendre
justement hommage à la pop de Fujiya & Miyagi. Et en
cherchant un peu, on tombe sur deux ou trois bonnes choses. Le Making
A Fool Of Me Mix de "Rot", par Chunking, acidifie l'original
en en dopant le tempo et garde l'esprit mélodique de F&M.
Les Two Lone Swordsmen n'apportent eux guère de modifications
- et c'est tant mieux - à "Electro Karaoke", qu'ils
se contentent de griser au fusain analogique. Enfin Cassette Boy
et Si Begg traitent "Electro Karaoke" comme un fond sonore
sur lequel ils plaquent leurs habituels délires à
la Noodles avant d'en syncoper le rythme de manière encore
assez systématique.
Deux disques et deux raisons de se procurer l'excellent album original
de Fujiya & Miyagi.
(Christophe
Taupin)
http://www.massiveadvance.com
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