Si comme moi, vous attendez 2003 pour vous intéressez
à un album de Mike Paradinas aka µ-ziq, vous risquez
d'éprouver quelques regrets. C'est en tout cas ce que j'ai
ressenti à l'écoute de "Billious Paths" (son
18ième album), véritable gifle sonique. De Paradinas,
à vrai dire, mes souvenirs évoquaient un disque de remixes
du groupe de britpop emmené par Luke Haines, The Auteurs. En
pleine gloriole pop anglaise, on se souvient alors être resté
insensible à ses relectures, continuant à préférer
de cette musique électronique - sans doute à tort -
les messages IDM envoyés par Aphex Twin et Autechre. C'est
ce qui explique en partie, pourquoi µ-ziq est passé tout
ce temps à la trappe. Chose que vient irrémédiablement
réparer la découverte de cet opus dans lequel Paradinas
frappe un grand coup à l'aide d'effets, néanmoins simples
et directs. On plonge goulûment dans ces morceaux qui se situent
bien à l'écart de toute hype et qui agissent tel un
revitalisant aux racines de l'électronica. "On/Off"
est une espèce de ragga affolé grignoté par les
assauts bruitistes qui laisse penser que Dj Scud et Masami Akita ne
font plus qu'un. Sur "Grape Nu Beats pt.1", Paradinas fait
pleuvoir des cacahuètes drill'n'bass aux beats dégénérés
et aux trajectoires incertaines mais aux dérapages synthétiques
jouissifs. "Johnny Maastricht" développe un langage
à base de drum'n'bass accidentée et électrifiée
parcourue par des mélodies assez connasses, mais bien plus
pertinentes que les récentes pianoteries d'Aphex Twin. "Silk
Ties" et "Mouse Bums" rappellent les meilleurs moments
d'Autechre tandis que "Meinheld" propose un breakcore de
synthèse granulaire au résultat pas si éloigné
de l'esprit de Squarepusher. Il faut bien l'admettre, c'est parfois
à un voyage dans les catalogues Warp et Rephlex auquel nous
convie µ-ziq, mais aucunes des pointures susnommées ne
parviennent aujourd'hui à intéresser et encore moins
à enthousiasmer sur la longueur d'un album, prouesse que réalise
haut la main µ-ziq. Et pour ce qui est de ces découvertes
tardives et de celle-ci en particulier, on se rassure et se réjouit
même à l'idée de découvrir les splendeurs
passées qui jalonnent la discographie du bonhomme.
(Frédéric
Foreau)
http://www.planet-mu.com/
|